La chimio c’est fini et je dis f*ck à mon cancer

Je n’en reviens toujours pas d’écrire ce titre. Après 6 mois à me faire injecter des produits au nom barbare j’en ai fini. L’IRM de contrôle est positif : la tumeur a régressé de manière significative et la majorité des ganglions ont disparu. Je n’ai pas fait tout cela pour rien. C’est probablement la meilleure nouvelle depuis des mois… et pourtant ce soir j’ai encore du mal à réaliser.

Ce cancer c’est la faute à pas de chance, c’est tombé sur moi comme cela aurait pu tomber sur une autre. Aujourd’hui on considère que 1 femme sur 9 aura un cancer du sein dans sa vie mais dans ma tranche d’âge le taux d’incidence est seulement de 185 femmes touchées pour 10.000…. L’âge médian du diagnostic est de 61 ans, j’en avais 41 ans… Mon taux de survie à 5 ans est de 70%. Je sais que ce ne sont que des statistiques, que des chiffres et qu’ils ne déterminent pas mon avenir, mais cela n’en reste pas moins glaçant.

Voilà plusieurs jours que je cogite sur cette fin et plus les jours passaient et plus je me suis rendue compte que j’en fait je ne sais pas quoi penser de la fin de cette chimio. Je devrais être heureuse, je crois que je le suis mais probablement pas autant que je l’imaginais il y a 6 mois. Lorsque j’ai commencé les traitement en août je n’étais focalisée que sur cette date de fin. Je pensais que cela marquerait la fin des traitements lourds. Aujourd’hui je sais que je n’ai finalement parcouru qu’une petite partie du traitement. Ce qui m’attend est peut être un peu moins lourd mais pas anodin pour autant. Opération, radiothérapie mais surtout un traitement sur plusieurs années…. Même lorsqu’on pense que c’est fini cela ne l’ai jamais vraiment. Est-ce qu’un jour je pourrais dire que je suis guérie ?

Alors ce que je ressens avec la fin de la chimio et cette victoire c’est toute l’ambivalence que je ressens depuis le début. Je suis malade mais c’est surtout le traitement qui m’a rendu malade. C’est la fin de la chimio mais pas la fin de la maladie. Depuis le changement de cycle je ne me sens plus malade mais mon reflet à chaque fois que je passe devant un miroir me montre une personne que je ne reconnais plus, une personne malade. Ces 6 mois de traitements ont laissé une trace sur mon corps, dans ma tête et dans mon âme. J’ai des cicatrices qui ne partiront probablement pas, des stigmates qui finiront par s’effacer mais dans combien de temps. Est-ce qu’un jour je serai à nouveau celle que j’ai été ? Ou serais je toujours une cancéreuse ou une ancienne cancéreuse. On me répondra qu’il ne m’appartient qu’à moi de décider d’être ce que je veux être. C’est probablement vrai mais lorsque les autres ne vous reconnaissent plus, lorsque l’on ne se reconnait plus soi même et que l’image que l’on reflète est juste celle de la maladie c’est compliqué. J’ai l’impression d’avoir perdue une petite partie de celle que j’étais dans toute cette histoire. J’espère que j’aimerai celle que je vais devenir.

Alors voilà ce soir je ne sais pas trop ce que je dois ressentir. C’est une étape de franchie est c’est chouette je vais tenter de garder cela à l’esprit ! Et puis je suis également un tout petit peu triste de quitter la super équipe de l’hôpital, elles vont me manquer mais je suis aussi contente de me dire que je ne les verrai plus tous les lundis. Je sais qu’elles ne liront pas mes mots mais tant pis…. Merci Marie, Jessica, Ella, Céline, Mina… et toutes celles que j’ai oublié pour m’avoir permis de tenir, d’avoir été là, de m’avoir rassuré et d’avoir rendu mes lundis un peu plus léger. Je vais profiter des quelques semaines de tranquillité pour réapprendre à m’autoriser à y croire.

L.